lundi 30 décembre 2013

Image - Peinture - Photo - Cinéma

La question est la suivante :

Quel effet produit une image sur mon mental et mon état d'esprit ?

Cette question est très large et je vais essayer d'en restreindre un peu l'étendue.
Que se passe-t-il dans mon cerveau d'être vivant, voire humain, lorsqu'il prend visuellement conscience d'une nouveauté dans son environnement ?
J'ai dit «nouveauté» car il semble que pour que l'on voie quelque chose, cette chose doit être remarquable : non seulement son reflet lumineux doit atteindre l'organe de la vision, mais le cerveau qui capte cette perception doit pouvoir la constater. Hors si aucun changement visible n'a lieu, le cerveau finit par ne plus remarque, plus voir.   De même, pour pouvoir remarquer, il doit pouvoir identifier.   Il semble que le cerveau ne soit pas capable de voir ce qu'il ne peut nommer.
A ce stade nous pouvons distinguer la vue, la perception et l'identification.   C'est à partir de maintenant que la question se pose : ce que je vois est-il réel ?   Si l'image est déjà connue, enregistrée sous une forme identique ou similaire, je pourrai rapidement estimer si elle correspond à la réalité concrète ou si elle est imaginaire, selon le contexte dans lequel je la perçois.    De toute façon, avant même que j'aie pris conscience de sa réalité ou facticité, elle aura provoqué dans les profondeurs de mes instincts les plus puissants un réflexe lié à ma survie : bon-pour-moi-je-prends ou danger-je-hurle-mords-me-tire-de-là-vite-fait-reste-immobile-attendant-que-ça-passe.    Sept secondes pour le lire, une fraction de seconde pour le faire "sans même y penser".
Personne n'y peut rien.    Ainsi sommes-nous faits.
Je ne peux en effet que rappeler maintenant que nous sommes profondément ébranlés, émus, convoqués au plus profond mystère de notre être aussitôt que nous percevons visuellement une image.
Être motivé par l'image de la réalité, c'est utile.   Mais qu'en est-il lorsque c'est celle de l'imaginaire qui entre dans notre vie ?
On peut y vivre des émotions tout aussi fortes.   Parfois même plus, et plus souvent  et plus longtemps, car le producteur de l'image l'a conçue pour être très efficace.   On l'a vu, la banalité est peu mobilisatrice.   On va donc s'attacher à mettre le spectateur dans une situation peu commune, agréable ou désagréable.   Tacitement, il l'a voulu, le spectateur : émotion artistique ou horrifique, il a payé, il en veut.

Il va morfler.

S'il est jeune et inexpérimenté -entendez qu'il n'a pas souvent été placé dans une situation ou la réalité est virtuelle, c'est-à-dire que son imaginaire va se trouver en prise avec un autre imaginaire et non avec ce que l'on appelle, par facilité, la réalité.   Il aura ainsi tendance à croire que le gentil est son copain et que le méchant va lui faire sa fête pendant la nuit.    D'ailleurs il s'est déjà planqué sous le lit.
Bien sûr, nous n'en sommes plus là, quand on a l'âge de lire un texte comme celui-ci.   On a résolu depuis longtemps le problème : on a posé le matelas du lit directement sur la moquette.
Que cherchons-nous, en tant qu'adulte, lorsqu'on voit voir une exposition d'arts visuels, un spectacle cinématographique le cas échéant ?

Nous voulons nous cultiver ? Parfois.
Nous cherchons à nous distraire de notre quotidien ? Souvent.
Voudrions-nous des émotions, artistiques ou/et autres ? Toujours.

La recherche volontaire d'une émotion visuelle nous procure une sensation extrêmement forte.    Pour en vivre d'une telle ampleur dans la réalité, nous devons nous trouver dans un contexte extrême, stressant, peut-être dangereux, peut-être même potentiellement létal.   Aujourd'hui, ce que l'on appelle les arts visuels nous proposent de l'adrénaline, de la dopamine et autre pleinlatrombine pour pas cher et sans aucun danger.   Du moins le croit-on.

Je ne vais pas relancer le débat sur l'image de violence comme catharsis ou pas.   Faut-il insister sur le pouvoir manipulatoire des mass-medias et de ceux qui les dirigent ?   Je ne vais pas non plus disserter sur la perte de temps au détriment de la vie concrète au bénéfice d'une existence virtuelle plus facile à assumer.   Des tas de gens sérieux et documentés vous renseigneront bien mieux que moi sur ces sujets.

J'aimerai juste exposer ici mon intuition qui est que ces moments de vie par acteurs interposés pénètrent dans les étages les plus profond de mon organe mental. Les expériences qui s'y engrangent ont valeur d'enseignement. La seule barrière qui me permet de ne pas les laisser guider consciemment mes actes dans ma vie réelle sont ma perception de la limite, de la différence entre ma vie réelle et mes fantasmes, mes projections, mes souvenirs, mes croyances, bref : tout ce que je crois "savoir".
Il est là, pour moi, le Tendon d'Achile, le maillon faible, si j'ose dire.   Je vis une vie peut-être banale, dite normale, mais mon expérience se nourrit de réactions propres à des situations de crise, dans la plupart des cas.  Je vis donc une vie intérieure totalement inadaptée à ma vraie existence.   Que vais-je donc mettre en place dans mon quotidien pour résoudre cette dichotomie ?  Comment va-t-elle se manifester ?  Se manifeste-t-elle ?
Peut-être est-ce le moment pour moi de me retirer, de faire silence, vous laissant le loisir de trouver vos propres réponses à ces questions.   Il se peut que vous concluiez avoir perdu votre temps en vous les posant.   Il se peut aussi que les réponses ne viennent pas tout de suite.   Ne sommes-nous pas  extrêmement habitués à vivre au milieu de cette permanente sollicitation visuelle.   Il est même socialement parfois suspect de chercher à s'y soustraire.   Cela n'empêche  pas d'essayer de prendre conscience de ce que l'on vit et de vérifier si cela correspond bien à ses propres choix, si tant est que l'on ait effectivement bien le choix ; car on l'a vu, nos instincts sont plus rapides et donc plus forts que notre pensée lors des sollicitions brutales.
Si, toutefois, vous découvriez -ou vous confirmiez ce que vous saviez déjà, à savoir que les images qui enveloppent votre horizon vous meurtrissent, vous pouvez y remédier en appliquant des pansements sur vos perceptions.    Il y a beaucoup de gens qui réagissent et produisent qui des textes, qui des sons, qui des images qui font un baume pour l'esprit.   Nul ne peut vous obliger à subir une culture.   Si votre culture vous embarrasse ou vous encombre, changez-la (cette phrase provient d'un livre, «Tuesdays with Moorie» de Mitch Albom, cadeau d'un ami sur le point de décéder d'une maladie incurable et qui traite du même sujet, avec humour, d'ailleurs)

Attention, pub :  vous trouverez dans ce paragraphe le lien pour visiter un site qui vous propose des images pour se promener, pour se nourrir, pour se tenir en éveil.
- Oh, lui, il fait sa pub !
Bon, d'accord, c'est mon site, mais pourquoi ne pas vous le proposer ? Si vous lisez encore cet article c'est que vous en voulez, si ? Alors en voilà.   C'est du bon.   Je crois.   J'espère.
fon d'écran - iceberg dans brume matinale
De mon album fonds-d-ecrans 

~^
oo
°


dimanche 29 décembre 2013

Oeuf en poudre

Il est maintenant possible de se procurer de la poudre de jaune d'oeuf en boîte.
Boîte de poudre d'oeuf
Tel qu'en Suisse

Loin d'être le gag de l'année, je partage cette info avec vous car elle n'est pas un tuyau pourri. Et chacun ayant peint à la tempera au jaune d'oeuf sait de qui je parle.
Bien sûr, on peut toujours ajouter quelques gouttes d'essence (lavande, thym, girofle) et en plus de sentir bon, cela liquéfie un peu les huiles présentes dans l'oeuf ou/et le médium.   Mais la poudre a cet avantage qu'elle permet de se passer de ces adjuvants, puisqu'aussi bien on prépare la quantité de jaune juste nécessaire pour la session quotidienne.
Je l'ai testée avec un mélange de suspicion et d'espoir. Je n'ai pas été déçu, côté espoir.
Recette :
  • Prélever un certain volume de poudre de jaune d'oeuf (p ex 1 cuillère à soupe)
  • Ajouter le même volume d'au déminéralisée
  • Remuez doucement
  • Ajoutez les ingrédients supplémentaires, huile, vernis dammar, etc
  • Diluez d'un peu d'eau supplémentaire à volonté
A partir de là, vous avez un médium en quantité optimum, soit pour broyer, soit pour peindre, selon vos propres habitudes.
Si toutefois il devait vous en rester pour une raison ou une autre, rien n'empêche que vous ajoutiez quelques gouttes d'essence de votre choix.
C'est pas beau, Cennino ?
^~
oo
°

Verdaccio à l'ancienne ?

Je fais des essai  pour déterminer quel type de verdaccio je vais utiliser principalement dans mes sous couches.
Cennino Cennini nous indique de prendre une fève d'ocre pour une lentille de noir et un tiers de fève de blanc. Il y ajoute parfois du cinabre (vermillon de sulfure de mercure, hypertoxique : vous y pensez vous êtes déjà malade !)
J'ai fait des essais de palettes uniquement pour ce verdaccio. Ce n'était pas simple : quel blanc et quel noir utiliser ?
Les blancs de zinc et de titane diffèrent surtout par leur qualité couvrante : pour des nuances nombreuses, le zinc va bien ; il tend à mieux conserver les températures chaudes de l'ocre jaune. Le blanc de titane permet des corrections un peu plus rapides, mais donne des dégradés d'ocre assez ternes, suffisants pour une sous-couche ?
Les noirs en lice sont celui d'oxyde de fer et celui de spinelle.   Ce dernier est le noir total : même à l'huile il ne réfléchit rien ; c'est un fonceur de première, à doser prudemment !   Le noir intense de l'oxyde de fer est bien aussi, donne une température très légèrement chaude.
___    '°0o.o0°'    ___
Certains peintres du quattrocento utilisaient une argile verte, que j'ai pu me procurer (Terre verte de Vérone authentique c/o Kremer).   Je l'ai testée il y a quelques semaines avec bonheur sur un portrait
De Thomas .
La mise en œuvre demande un certain effort : ce pigment demande à être broyé consciencieusement, car il est très transparent. Un broyage insuffisant vous donnera une peinture sablonneuse, désagréable au toucher de pinceau et peu efficace.
Pour travailler une sous-couche en températures de couleurs, il faudra lui ajouter un peu d'ocre jaune ou de jaune hansa. Il convient tel quel pour les tons froids.

___    '°0o.o0°'    ___
J'ai encore fais quelques essais avec la Terre d'ombre brûlée.
A ma grande surprise, ils ont été magnifiquement concluant. Voici pourquoi :
  1. Lorsqu'on l'utilise en dilutions diverses avec un médium maigre (au vernis dammar, p ex) il se décline en teintes chaudes
  2. Si on le voile de blanc de titane (ou de zinc, mais il est assez fort pour se mesurer à l'oxyde de titane) il prend alors des tonalités froides.
  3. Si pour le réchauffer on lui ajoute du jaune primaire, il prend des allures de verdaccio alla Cennini :o)
On peut donc faire une ébauche en utilisant de l'ombre brûlée, du médium et éventuellement du blanc et de l'ocre. Difficile de faire plus simple.
^~
oo
°